[Black] Chapitre 57 : Renaissance
Tout s'est passé en quelques semaines. Il continua à me faire assassiner des gens: mes connaissances, mes voisins, mes amis. Tuer, supprimer. Elle continua à plonger dans ses ténèbres obscures. Nous étions seules, enfermées, coincées, à attendre, patienter, quelque chose, un évènement, une opportunité de sortir de cette sombreté. Je ne supportais plus SA vue. Ses cheveux rouges sang, rouge colère, noir ébène. Ses iris bordeaux, lâcheté, son visage malin, rusé, sa magie invisible, spontanée.
Je restais des matinées entières, des après-midis complètes, des soirs ennuyants, des nuits interminables ; appuyée contre ce mur froid, gris, terreux ; dormant, soupirant, pleurant. J'ai fini par cesser de pleurer. J'ai compris que c'était inutile, que ça ne changerait pas la situation, que ça ne changerait rien.
Ocean ne disait pas mot non plus. Elle a fini également par se taire. Même si elle mourait d'envie de murmurer. Par fermer, clore ses lèvres en un sourire pâle, un sourire presqu'inexistant pour me donner foi. Foi en quiconque nous sauverait. Foi en soi. Que je ne lâche pas, je n'abandonne pas la mission qu'il m'avait donné, ou ma ville serait condamnée. Ou elle serait condamnée aussi. Bannie par les siens dans le cas où elle faillirait à sa tâche. Il fallait que je le fasse pour elle. Il fallait que je le fasse pour Cassie.
Cassie, ma pauvre soeur. Soeur que je n'ai jamais connue. Jamais connue libre du moins. Envoûtée dès sa naissance, hypnotisée jusqu'aujourd'hui. Jamais libre, emprisonnée. Emprisonnée de son essence maléfique, de son obscurité pénétrante. Yeux émeraude elle avait. Yeux rubis elle a. Yeux rubis, yeux bordeaux. Tous les mêmes. Cheveux blonds, cheveux d'anges, cheveux ébènes, cheveux démons. Contrôle il a sur elle. Elle assouvit ses demandes. Elle répond à ses volontés. Pauvre Cassie.
Totalement envoûtée.
Mais il commença à vieillir rapidement. Plus rapidement. Très rapidement. En une dizaine de jours ses mèches rouges étaient grises, son visage fin était frippé. Son dos se courbait, il ageait.
A son dernier jour, alors qu'il sentait ses forces faiblir, ses mains trembler, son dos descendre, ses cheveux tomber ; il l'emmena, Cassie, réaliser un dernier meurtre, un dernier assassinat, un dernier combat. Mener un dernier combat. Les Black il réduit en poussière et en sang. Les autres Black. Tonton et Tata comme je les appelais. Mes "cousins". Et elle les massacra. Tous. Un par un. Laissant des minutes s'écouler entre chaque, laissant Sky pleurer Zeke, laissant Charly pleurer Candy. Profitant de leur souffrance, de leur douleur, de leur malheur.
Et le sang coula. Le sang coula de ses mains, des sofas, du parquet. Le sang provenant de leur poitrine, de leurs bras, de leurs jambes. Mais avant tout un sang venant de l'outil. L'outil utilisé. Le revolver. Une machine simple. Une machine à tuer. Un L en métal, des O ôtant la vie. LO. LO le revolver.
Mais alors le Maitre toussa, crachota, s'essoufla, tomba. Il revint chez lui, non chez moi. Dans sa chambre, non dans la chambre d'Annie. Annie notre arrière-grand-mère décédée qui avait pris soin de ma mère qu'il tua. Il m'avait tout pris. Ma mère, mon père, ma soeur. Mes cousins. Enfin à son tour, il mourut. Il s'écrasa sous les couvertures qui ne lui appartenaient pas. Comme tout dans cette maison. Rien ne lui appartenait pourtant tout s'était-il approprié. Moi y compris.